Il y a 3 ans, j’ai commencĂ© une dĂ©marche d’Ă©mancipation de mon monde numĂ©rique. Lorsque j’ai dĂ» me sĂ©parer de l’iPhone d’entreprise que je possĂ©dais lorsque j’ai quittĂ© celle-ci, je me suis orientĂ© vers le smartphone nĂ©erlandais pour le remplacer et faire mes premiers vrais pas sur Android.
J’ai eu nombre d’iPhone par le passĂ©, tous acquis d’occasion Ă l’exception de trois. Du 3GS au 11 Pro Max, je n’ai manquĂ© que trĂšs peu de gĂ©nĂ©rations, et les terminaux transitaient dans mes mains l’espace d’un an en moyenne. Je n’ai eu qu’une brĂšve expĂ©rience avec un Sony Xperia sous Android lorsque mon iPhone 6 Plus a Ă©tĂ© victime du trĂšs connu bendgate. Finalement, je l’ai troquĂ© plusieurs mois plus tard pour un iPhone SE neuf, remplacĂ© ensuite par un iPhone 7 dans un cadre professionnel, et un 11 Pro Max ensuite. Satisfait mais prisonnier de l’Ă©cosystĂšme Apple, je n’avais guĂšre envie de faire l’effort nĂ©cessaire pour sortir de cette cage dorĂ©e, surtout que j’avais toute la panoplie d’appareils estampillĂ©s de la pomme. De plus, opter pour l’Ă©cosystĂšme Apple me permettait de ne surtout pas tomber dans les griffes de Google, puisqu’il est relativement difficile de sortir de cette dualitĂ©.
J’avais donc le choix entre la peste et le cholĂ©ra en changeant de terminal. Soit je rachetais un smartphone Apple et je repartais pour quelques temps sur un systĂšme d’exploitation fermĂ©, avec un App Store verrouillĂ© et un Ă©cosystĂšme poussĂ© partout mais sans protection de la vie privĂ©e (le chiffrement de bout-en-bout n’Ă©tant pas encore proposĂ© sur iCloud Ă l’Ă©poque), soit je partais sur un terminal Android et je remettais mes donnĂ©es Ă Google, mĂȘme sans utiliser leurs outils. Finalement, si j’Ă©tais plus partant pour changer de crĂ©miĂšre, il a quand mĂȘme fallu que je me renseigne sur les systĂšmes d’exploitation ayant pour base Android (AOSP) mais avec une implĂ©mentation minimale Ă dĂ©faut ĂȘtre nulle des services Google. J’ai donc optĂ© pour un Fairphone 4 Ă©quipĂ© de /e/OS, un dĂ©rivĂ© de LineageOS.
Le choix du Fairphone s’est imposĂ© assez naturellement - j’ai suivi les Ă©volutions de la marque depuis ses dĂ©buts assez balbutiants et assez peu convaincants sur un tel marchĂ© mais depuis les troisiĂšmes moutures 3 et 3+, le produit Ă©tait suffisamment abouti pour que je puisse considĂ©rer un achat. En 2022, il s’agissait du Fairphone 4 et c’est donc sur celui-ci que j’ai jetĂ© mon dĂ©volu. Si le fabricant l’Ă©quipe d’un Android Google classique, le terminal est compatible avec d’autres ROMs, ce qui a achevĂ© de me convaincre.
AprĂšs presque trois ans dâusage assez soutenu (navigation sur le net, communication, musique, organiseur personnel…), je peux tirer un bilan tout Ă fait positif de ce terminal. Mes iPhone ne mâont jamais manquĂ© et je nâai jamais eu Ă redire sur les performances ou les prestations du Fairphone face aux flagships de Cupertino, Ă part sur la photo, qui est une faiblesse latente mais qui ne me pĂ©nalise pas tant que cela puisque jâen ai un usage relativement rĂ©duit. Bien que plutĂŽt imposant par ses dimensions, le Fairphone 4 ne m’a jamais paru trop lourd ou trop gros pour mes “petites” mains Ă©tant donnĂ© que j’ai des doigts assez fins et longs. Je me suis rapidement adaptĂ© Ă l’interface et Ă la philosophie d’Android (ainsi que la position du capteur d’empreintes digitales), qui ne sont finalement pas si diffĂ©rentes de celle d’iOS. J’ai pu rĂ©installer les applications que j’avais sur mon iPhone ou des Ă©quivalences. Au dĂ©part, la batterie pouvait durer entre 2 et 3 jours. Aujourd’hui, je peux trĂšs largement tenir une journĂ©e complĂšte mais en me laissant trop peu pour le lendemain. En fonction de mon usage, je charge donc l’appareil toutes les nuits ou une nuit sur 2, comme mon iPhone. La qualitĂ© de rĂ©ception des appels ou du rĂ©seau est similaire, c’est-Ă -dire trĂšs bonne. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le passage d’iOS Ă Android s’est fait sans difficultĂ©, la seule chose pour laquelle il m’a fallu creuser un peu dans les paramĂštres et rĂ©flĂ©chir Ă comment construire cela fut la sauvegarde, puisque je ne voulais pas utiliser les services de Google. J’aurais simplement pu connecter le terminal Ă un compte Google et tout faire de maniĂšre transparente mais comme je voulais orchestrer cela par moi-mĂȘme, j’ai dĂ» configurer une application intĂ©grĂ©e au terminal pour sauvegarder les donnĂ©es sur un point de montage WebDAV. Rien de bien compliquĂ© mais ce n’est pas rĂ©ellement plug-and-play, mais rien de propre Ă Android puisque j’aurais eu le mĂȘme effort Ă faire sur iOS si je ne voulais pas dĂ©pendre des services Apple.
ExceptĂ© le bendgate sur mon iPhone 6 Plus, je nâavais jamais eu de panne ou de dĂ©faut liĂ© Ă lâusure â ce qui est plutĂŽt normal car les terminaux ont toujours Ă©tĂ© sous garantie lors de mon acquisition, en ayant 1 an gĂ©nĂ©ralement et revendus aprĂšs leur deuxiĂšme annĂ©e rĂ©volue. Mon Fairphone 4 mâa confrontĂ© Ă un dĂ©faut, relativement connu aussi : le port USB-C qui sâabĂźme intĂ©rieurement et qui ne permet plus une connexion solide avec le cĂąble et donc la recharge. Le mois dernier a donc Ă©tĂ© lâoccasion de vĂ©rifier en condition rĂ©elles si les promesses de facilitĂ© de rĂ©parabilitĂ© du Fairphone Ă©taient vraies. Je ne doutais pas de la rĂ©parabilitĂ© mĂȘme de lâappareil â des structures comme iFixit lâont prouvĂ©, mais nâĂ©tant pas trĂšs douĂ© de mes mains, je voulais voir si câĂ©tait si facile quâannoncĂ©.
Câest en effet un jeu dâenfant. Le tĂ©lĂ©phone sâouvre facilement, la batterie sâextrait simplement avec les doigts, et un petit tournevis classique suffit Ă dĂ©visser le module sonore, permettant dâextraire le port USB-C qui se clipse au bas du chĂąssis. Jâen ai profitĂ© pour nettoyer le haut-parleur car celui-ci prend naturellement la poussiĂšre. En 10 minutes, le port a Ă©tĂ© changĂ© et jâai pu valider lâinstallation de celui-ci en chargeant le tĂ©lĂ©phone et en sentant le cĂąble fermement insĂ©rĂ© dans le terminal. Lâachat ainsi que la livraison de la piĂšce qui Ă©tait en stock sur le site de Fairphone se sont fait rapidement, en lâespace dâune semaine â le tout pour un prix dâenviron 20 euros.
Sur cette photo, il est possible de comparer le port neuf Ă gauche, et le port remplacĂ© Ă droite. En comptant une recharge en moyenne tous les 1,5 jours, celui-ci a donc dĂ» ĂȘtre branchĂ© entre 700 et 800 fois, sans compter lâutilisation plus dĂ©licate ces derniers mois qui nâont rien dĂ» arranger Ă cause des faux contacts. Je lâai conservĂ© au cas oĂč, je tenterai bien de le nettoyer complĂštement afin de voir sâil est rĂ©cupĂ©rable ou bien si je peux juste en disposer au recyclage.
Le bilan de lâopĂ©ration est positif. La batterie est encore capable de tenir 2 jours sur un usage modĂ©rĂ©, et une journĂ©e complĂšte en ayant encore de la marge en usage classique. Je pense pouvoir encore avoir deix ans avant dâavoir Ă envisager son remplacement puisque la capacitĂ© est annoncĂ©e Ă 97% selon Android. Si depuis mon acquisition, deux gĂ©nĂ©rations de Fairphone ont Ă©tĂ© commercialisĂ©es, rien ne me donne fondamentalement envie dâen acheter un nouveau, puisque les Ă©volutions technologiques sont relativement mineures, et mon Ă©tat dâesprit a changĂ©. Câest ici le plus important et ce qui devrait toutes et tous nous motiver Ă ne plus succomber aux sirĂšnes des promesses marketing et de la crĂ©ation de besoins artificielle, puisque finalement, tout aussi rĂ©parable et Ă©thique le tĂ©lĂ©phone puisse-il ĂȘtre, le mieux reste de ne pas en fabriquer.