Parce que plus qu’un emploi, je recherche une entreprise, une cause, une initiative Ă  laquelle consacrer une part de mon temps sur Terre et de mon Ă©nergie sans contredire mes convictions et engagements.

Mon cerveau a toujours tournĂ© Ă  plein tubes depuis que j’en ai souvenir. J’ai appris Ă  lire, Ă  Ă©crire et Ă  compter dĂšs l’Ăąge de 2 ans, m’ouvrant les portes du monde avant mĂȘme l’Ă©veil de l’Ă©cole maternelle. Incapable mĂȘme encore aujourd’hui de savoir lequel dĂ©coule de l’autre, j’ai besoin d’Ă©tancher une soif permanente de stimulation intellectuelle et cĂ©rĂ©brale. Ces besoins, liĂ©s Ă  mes capacitĂ©s d’adaptation et d’autonomie ainsi que ma curiositĂ© ont fait que j’ai souvent eu envie de dĂ©couvrir de nouveaux environnements professionnels ; revers de la mĂ©daille, cela vient au prix d’une lassitude ou d’une frustration pouvant ĂȘtre ressentie trĂšs rapidement si ces besoins ne sont pas comblĂ©s. C’est ce qui peut transparaĂźtre lorsqu’on lit mon CV. En environ 12 ans de carriĂšre post-estudiantine, je suis passĂ© par 10 structures diffĂ©rentes, publiques comme privĂ©es, locales comme internationales et dans de multiples domaines (industrie, luxe, commerce, agroalimentaire
). Si certains dĂ©parts ont Ă©tĂ© contre ma volontĂ© (prestation arrivant Ă  sa fin suite Ă  un recrutement interne, terme d’un marchĂ© public
), la majoritĂ© d’entre eux ont Ă©tĂ© motivĂ©s soit par le sentiment “d’avoir fait le tour”, soit par incompatibilitĂ© long-terme : inadĂ©quation entre la prĂ©sentation du poste et la rĂ©alitĂ© ou bien divergence d’opinion ou de valeurs avec le management ou le gĂ©rant de l’entreprise.

Je conçois le travail comme une contribution Ă  la sociĂ©tĂ©, Ă  rendre ce qu’elle m’apporte, loin des considĂ©rations capitalistiques - et je suis conscient que pouvoir le considĂ©rer comme tel est pour beaucoup liĂ© Ă  la chance. Je ne suis pas spĂ©cialement un “bon soldat” prĂȘt Ă  tout pour grimper les Ă©chelons et faire partie d’une entreprise (ici au sens Ă©conomique du terme) pour laquelle je ne suis qu’un maillon parmi tant d’autres pour permettre la bonne marche d’une chaĂźne de production infernale est une idĂ©e qui me rebute tout particuliĂšrement. Cela ne m’empĂȘche pourtant pas d’ĂȘtre investi plus que de raison, pour l’humain et pour les sujets sur lesquels je travaille et qui m’Ă©panouissent. Pourtant, paradoxalement, je n’ai jamais rĂ©ussi Ă  vraiment faire la distinction entre le personnel et le professionnel car il s’agit de la mĂȘme enveloppe de temps Ă  vivre, d’Ă©nergie Ă  dĂ©penser et la mĂȘme empreinte que je laisse en ce monde. Cette enveloppe est Ă©troitement liĂ©e Ă  mon engagement, qui dĂ©coule Ă  la fois de mes besoins Ă©voquĂ©s plus haut, mais aussi de mes convictions. Celles-ci ont Ă©voluĂ© avec le temps, se sont affinĂ©es en fonction de mon vĂ©cu et des structures pour lesquelles j’ai puisĂ© dans mes budgets temps et Ă©nergie.

NĂ© en 1991, je fais partie de la gĂ©nĂ©ration qui a grandi avec les nouvelles technologies, et l’explosion d’Internet. Ma neuroatypie, doublĂ©e de la chance d’avoir grandi dans un foyer suffisamment aisĂ© pour avoir un ordinateur personnel dĂšs 1997 puis une connexion Ă  internet deux ou trois ans plus tard m’a tout de suite mis sur les rails de l’usage de la machine et a cultivĂ© cette appĂ©tence pour ce monde virtuel. Du bout des doigts, ma curiositĂ© pouvait ĂȘtre alimentĂ©e quasiment sans rĂ©serves. J’ai dĂ©veloppĂ© assez rapidement une “addiction” Ă  ce champ des possibles : information, expression de ma crĂ©ativitĂ©, communication, jeu vidĂ©o
 pour une fois, j’avais le sentiment que je n’avais pas Ă  m’adapter au monde et Ă  rentrer dans des cases mais que je pouvais façonner l’exploration de ce monde Ă  ma maniĂšre. Bien Ă©videmment, plus de 25 ans plus tard, si je suis trĂšs empreint de cette culture internet, je suis fort dĂ©solĂ© de voir l’appropriation capitaliste de ce monde. Sans tous les garde-fous du monde “rĂ©el”, le cyberespace s’est vu gangrenĂ© avec une cĂ©lĂ©ritĂ© sans Ă©gal notamment par la publicitĂ© et les manipulations psychologiques au nom du sacro-saint profit. Un de mes vecteurs d’engagement est de lutter pour un cyberespace plus juste, plus Ă©thique, plus Ă©quitable, plus libre et affranchi de la prĂ©dation, qu’elle soit physique ou psychologique. Promouvoir les logiciels open-source et libres, les acteurs nationaux ou europĂ©ens, une meilleure rĂ©glementation, sensibiliser aux usages et Ă  la “netiquette”, aux enjeux sociaux et environnementaux en lien avec le numĂ©rique, et prĂ©server si cela est encore possible notre relation avec ce monde afin qu’il redevienne de maniĂšre durable une complĂ©mentaritĂ© et non un moyen d’asservissement. Tout Ă  fait conscient que ces variables font de moi un profil professionnel atypique et loin du modĂšle classique, j’ai dĂ©cidĂ© de joindre l’utile Ă  l’agrĂ©able en mettant au service de mon employabilitĂ© ma crĂ©ativitĂ©, mon appĂ©tence pour l’Ă©criture et mon authenticitĂ©. Le produit de cette rĂ©flexion est un post LinkedIn qui sera suivi d’une refonte de mon CV au format web (basĂ© sur le mĂȘme framework que ce site).

LinkedIn, par oĂč commencer ? Ce rĂ©seau social “professionnel” qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la mĂ©diocritĂ© et la prĂ©visibilitĂ© de son algorithme si facile Ă  manipuler reste malgrĂ© tout un incontournable pour des recherches d’emploi, surtout dans le domaine de la tech. Il est aussi l’un des seuls rĂ©seaux sur lequel il est possible de rĂ©diger des paragraphes complets et non des tĂ©lĂ©grammes qui doivent ĂȘtre coupĂ©s en 8 pour faire passer une idĂ©e. Il s’est donc imposĂ© pour ces raisons comme le rĂ©seau de rĂ©fĂ©rence sur lequel Ă©tablir ma dĂ©marche de recherche. FidĂšle Ă  mon authenticitĂ©, je n’ai pas cherchĂ© Ă  travailler le post afin qu’il rentre dans les clous de l’algorithme, je n’ai pas cĂ©dĂ© Ă  l’IA et n’ai pas voulu ĂȘtre fonciĂšrement politiquement correct. Comme un rappel d’un mantra, je ne voulais pas rentrer dans des cases ou respecter un schĂ©ma prĂ©-conçu mais Ă©veiller et sĂ©duire l’esprit de chacun.e Ă  la lecture de ces mots, que ma personnalitĂ© transpire dans ceux-ci, qu’importe le rĂ©sultat. L’idĂ©e de reprise du meme de Bernie Sanders qui m’est venue lors d’une de mes nombreuses phases de pseudo-absence mentale me permet de mettre en avant cette culture internet, et sur le ton de l’humour mon aisance avec la langue de Shakespeare. Il Ă©tait important que la forme et le fond soient consistants. Conscient d’avoir un spectre de compĂ©tences et d’appĂ©tences qui dĂ©passe ma pure expĂ©rience professionnelle et ce sur quoi j’ai toujours Ă©tĂ© attendu sur mes missions, j’avais Ă©galement en ligne de mire une expression de ce spectre, aussi pour asseoir une certaine lĂ©gitimitĂ© Ă  refuser d’ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une simple ressource, une sordide ligne dans un fichier Excel.

Ces rĂ©flexions m’ont amenĂ© en ce dĂ©but d’annĂ©e 2025 Ă  faire un bilan de compĂ©tences, afin de mieux pouvoir prendre conscience de mes besoins, de mes compĂ©tences et forces motrices. Bien que les conclusions tirĂ©es de celui-ci soient sans surprise, il est toujours rassurant de rĂ©aliser que l’on se connaĂźt bien et que l’on a pleinement conscience de ce que l’on est. Aujourd’hui, je ne cherche pas un poste « qui en jette », mais plutĂŽt qui respecte ma libertĂ© de penser, qui me permet d’exprimer mon altruisme et d’aller Ă  la recherche de solutions plutĂŽt que de statu quo. Mon Ă©panouissement n’est ni Ă©conomique ni social. Ce qui m’importe le plus est ce pour quoi et qui je le fais.